"Ce que je veux dire c'est que la fed accepte à peu pres tout et n'importe quoi en collatéral et n'est pas entravée par des règles comme la BCE."
La mission de la BCE n'est effectivement pas celle de la Fed, qui autorise à peu près n'importe quoi, avec des effets tout aussi pervers, comme la crise de titrisation nous l'a montré.
"c'est moi bien que de financer directement les Etats"
La Fed ne finance pas non plus directement les états.
" les ajustements ne peuvent plus se faire par les dévaluations compétitives mais autrement"
Justement, c'est l'intérêt. La solution "dévaluons" a toujours été une solution de facilité, avec toute une palanquée de problèmes annexes niés par les simplificateurs, tout autant que la solution "faisons des déficits / empruntons". L'intérêt de couper le financement direct auprès de sa propre banque relève de la même idée : si vous êtes à la fois le prêteur, l'emprunteur et celui qui doit faire respecter les règles, il y a de facto conflit d'intérêt. Or cela induit la perte de confiance, donc de valeur.
En interdisant l'autoemprunt auprès de la BdF, on a intégré un contre pouvoir : les prêteurs peuvent couper le robinet (c'est à dire : ne plus souscrire aux emprunts d'états ou demander des taux d'intérêts plus important, ce qui de facto grèvent nos finances). En toute rigueur, un état doit alors tenir compte de cela dans ses prévisions et soit aménager ses projets pour qu'ils soient plus efficients / rentables, soit adapter d'autres points budgétaires pour compenser le coût de ces emprunts.
En pratique, c'est le fonctionnement normal de tout emprunteur : il emprunte pour financer à un instant T ce qu'il ne peut financer en direct, mais il tient compte de cette charge sur la durée de remboursement et adapte en conséquence. Toujours en pratique, les états s'en contrefichent ... jusqu'au point de crise.
La dévaluation relevait du même fonctionnement. On dévalue à un instant T, et, miracle, nos produits sont plus compétitifs. Sauf que horreur, nos importations sont plus chères, surtout les importations contraires, et seconde horreur nos couts d'emprunt augmentent, pour compenser la perte de valeur et le risque de redévaluation compétitive ...
C'est une vision trop simpliste des choses.
Alors que doit on faire ? Mais justement : on doit chercher d'autres solutions, d'autres adaptations, et ne pas se lamenter sans cesse sur cette Europe taillée pour l'Allemagne, ou ces polonais qui prennent le travail parce qu'ils ont des conditions de sécurité et des coûts plus faibles, ou sur la Chine, ou ...
Prenons un exemple. J'ai vécu le passage au 35h dans une PME. On m'a gentillement expliqué, en long et en large, que cela induisait un surcoût de 15% en gros, et que c'était un drame face aux concurrents allemands. Sauf que factuellement, bilan à l'appui, la masse salariale n'a pas significativement changé sur la période 98 / 2005, à la hausse des salaires près. Et que simultanément, la production réalisée (et vendue) augmentait plus vite encore. Donc on ne peut pas se limiter à l'étude du cout horaire pour déterminer si c'est bon ou pas, il faut voir plus large.
Le résultat effectif pour cette société, c'est que le passage aux 35h a imposé de repenser le fonctionnement de l'entreprise, ce qui a permis des gains de compétitivité importants, et donc le maintien du bénéfice "malgré ce surcout horaire" !
Un autre exemple ? Deux amis travaillant dans un secteur limité au début des années 2000 : internet. Le premier travaille pour un gros opérateur, non encore rentable du fait des investissements, etc ... Il prétend que le second va "mourir" parce qu'il n'a pas les reins pour ce marché et que ses tarifs sont trops faibles pour compenser. 20 ans plus tard, la première boite s'est aligné sur la seconde en matière de tarification.
"la suisse c'est surtout la banque et la finance"
Ah, le fameux cliché ... Sachez que le secteur finance complet (banque et assurance) représente 11% du PIB. C'est énorme non ? 8.5% aux USA en comparaison, ca donne une idée de la forte différence, non ? Si l'on considère que ce secteur intègre le secteur des retraites en Suisse, cela relativise fortement la différence avec les 4.5% que représente, en France, le secteur bancaire seul, hors secteur assurance ...
A côté de cela, le secteur industriel représente 20% du PIB. Une paille non ? Et non, cela ne se limite pas qu'aux montres, qui ne représente pas 2% du PIB
Bref, il va falloir trouver d'autres arguments, d'autant que la Suisse se maintient, maintient son chomage à moins de 4%, une industrie efficace, alors même que nous sommes le contre exemple absolution sur la nécessité de dévaluer, puisque notre monnaie s'est, au contraire, fortement réévaluée à la hausse depuis 2009, avec +50% sur nos prix de facade à l'export ...
En toute logique, si la dévaluation était le seule remède, nous serions mourrants !
"la France a un gisement d'économies à faire"
C'est une évidence. Reste qu'à chaque tentative de faire quoi que ce soit, la levée de bouclier a été telle que les réformes sont devenues de réformounettes ... avec plus d'effet pervers que d'efficacité réelle.
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"Je ne crois pas à court ou moyen terme à une remontée des taux longs"
Je ne vois pas le rapport avec la confiance ou non des prêteurs lors des émissions de titre : les taux sont bas depuis des années, ce qui n'a pas empeché la remontée des taux des emprunts d'états pou rles pays du sud, du fait de la situation économique des états en question.
Meme en France : la simple perspective que l'Etat ne remplisse pas ses promesses de l'année a entrainé une remonté des taux, faible certes, mais que d'autres pays ont évité en montrant qu'ils respectaient les engagements pris formellement les années précédentes.
Tout ca est avant tout une histoire de confiance.